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Trois articles pour comprendre Charlottesville

1. L’enjeu actuel

« The simple fact of the matter is that the world has never built a multiethnic democracy in which no particular ethnic group is in the majority and where political equality, social equality and economies that empower all have been achieved. We are engaged in a fight over whether to work together to build such a world. And even those who are, in principle, willing to build that world are fighting with one another, for instance, over issues such as how the compelling state interest in nondiscrimination, confirmed by the Supreme Court decades ago, interacts with rights of association and speech.

This fight is different than our earlier ones because this time everyone begins from the psychological position of fearing to be a member of a vulnerable minority. Experiences of uncertainty, anxiety and endangerment are widely spread. Out of such soil grows the poison plant of extremism. »

Article complet : Charlottesville is not the continuation of an old fight. It is something new, Washington Post, 13 août 2017

2. Le contexte démographique

« Selon un résultat d’analyse de la démographie américaine réalisée par le Centre de Recherche PEW, la communauté hispanique représente près de 50 % de la croissance de la population américaine en 2017. […] On estime qu’en 2044, les blancs non hispaniques seront minoritaires aux Etats-Unis [où] un tiers de la population sera latino. Lire la suite

« Si vous aviez le choix entre l’immigration musulmane et la préservation des valeurs morales libérales, que choisiriez-vous ? »

A l’heure où à Cologne, le soir du 31 décembre, ont eu lieu des agressions massives de femmes par des foules masculines rappelant ce qui s’est passé en Egypte dans l’histoire récente, voici un article de Robert Skidelsky qui va au cœur de plusieurs sujets qui se croisent : islam, immigration, intégration, cultures, valeurs…  A partir de la situation britannique – mais cela est valable pour l’ensemble de l’Europe – Il a le mérite de poser les vrais questions, pour « éviter d’avancer les yeux fermés » et peut-être arrêter de tourner autour du pot…

L’appel de Donald Trump visant à interdire l’entrée des musulmans sur le territoire des États-Unis a provoqué l’échange suivant avec deux jeunes de mes amis : « Si vous aviez le choix entre l’immigration musulmane et la préservation des valeurs morales libérales, que choisiriez-vous ? » leur ai-je demandé. Ils ont tous les deux renié les prémisses de la question. Les immigrés eux-mêmes, ont-ils suggéré, peuvent avoir des codes moraux réactionnaires, mais leurs enfants, qui vont grandir en Grande-Bretagne, en Amérique ou en Europe continentale aujourd’hui, seront tout à fait différents. Mais est-ce bien vrai ?
Ma question ne portait pas en particulier sur le terrorisme islamiste (le fondement manifeste du coup d’éclat de M. Trump), mais sur la menace constituée par l’immigration musulmane à grande échelle à l’encontre du code de conduite morale que mes jeunes amis, comme la plupart des Européens instruits, acceptent à présent sans discussion. Terrorisme mis à part, ne s’inquiéteraient-ils pas si l’islam devait acquérir une influence croissante sur la loi et la politique britanniques ?

Ce n’est pas une pure hypothèse. La population musulmane en Europe était de 44,1 millions en 2010, soit 6 % du total. Il y avait 2,7 millions de musulmans au Royaume-Uni en 2011 (4,8 % de la population), contre 1,6 million en 2001. Étant donné les récentes tendances de l’immigration et surtout le taux de fertilité supérieur à la moyenne des musulmans (trois enfants par famille contre une moyenne britannique de 1,8), la part musulmane de la population britannique va nécessairement se développer dans les décennies à venir.

La plus grande partie de l’Europe suit la même trajectoire démographique. Lire la suite

soyons précis

Depuis quelques temps, en matière de mouvement de population, le mot immigration est mis à toutes les sauces. Il finit même par remplacer… son contraire, à savoir l’émigration, comme dans cet article du Monde, au demeurant très intéressant, sur les chinois en Afrique :
« La diaspora chinoise, dit-on, est la plus nombreuse au monde, avec 100 millions de personnes, et la plus riche. (…) Jusqu’en 2000, Pékin tentait encore de freiner le mouvement, afin de ne pas entacher l’image du régime. Aujourd’hui, il l’encourage, en particulier pour les braves qui veulent tenter leur chance en Afrique. Dans l’esprit des dirigeants chinois, et singulièrement dans celui du président, surnommé parfois Hu Jintao l’Africain, l’immigration est même devenue une partie de la solution pour faire baisser la pression démographique, la surchauffe économique, la pollution. »
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15 + 9 = 27 – 5 + 2

Schengen
C’est la nouvelle équation de l’espace Schengen après l’entrée de 9 pays d’Europe centrale. En effet 2 pays n’appartenant pas à l’UE sont associés à l’espace Schengen (Islande, Norvège) tandis que sur les 27 pays de l’UE, 5 n’en font pas partie : Chypre, Bulgarie et Roumanie mais aussi Royaume-Uni et Irlande ; ces 2 pays bénéficient de la clause d’opting-in c’est à dire qu’ils participent à certaines dispositions (coopération policière et judiciaire, Système Informatique Schengen) mais gardent le contrôle de leurs frontières. On reconnait bien là le pragmatisme de nos voisins anglo-saxons qui consiste à avoir les avantages d’une situation et à en éviter les inconvénients. Et ils ont raison ! Lire la suite

tout sur le Kadhafi

On a presque tout dit sur la visite de Kadhafi en France : ses débordements, ses excentricités, ses contrats hypothétiques, sa longueur et son lustre excessifs au regard de la nature du personnage. Mais justement, qui est donc ce monsieur aux costumes bariolés et à la coiffure ridicule ? Lire la suite

pendant ce temps, en Europe

La commisssion européenne propose de mettre en place une blue card unique pour tout le territoire de l’UE. Cet équivalent de la green card américaine a pour objectif de faciliter l’entrée des hauts diplômés qui pour l’instant se dirigent préférentiellement vers les Etats-Unis, le Canada ou l’Australie ; accessoirement elle facilitera les allers-retours pour éviter la « fuite des cerveaux ». On est typiquement là dans « l’immigration choisie » ce qui devrait rassurer le journaliste du Figaro (je ne sais plus lequel) qui avait eu cette formule choc : « la France exporte des bacs + 5 et importe des bacs – 5 ».
Par ailleurs les 27 pays européens se sont mis d’accord sur le Traité de Lisbonne (signature prévue en décembre), autrement appelé « traité simplifié » ou « mini-traité », qui remplace le projet constitutionnel rejeté par les français par référendum en 2005. Les différences semblent minces : elles sont résumées ici et là. En fait c’est un « traité modificatif », un traité d’amendements modifiant les anciens traités (comme l’explique VGE), qui perd son aspect de constitution et qui est encore moins lisible pour le citoyen lambda. 
Bref , l’Europe avance, peu à peu, mais en coulisses, en catimini. Ce qui n’est pas sans poser des problèmes de légitimité démocratique comme le souligne une juriste, non pas du seul fait de l’utilisation de la voie parlementaire pour la ratification, mais du fait de sa conjoction avec la proximité de fond des deux textes. 

beaucoup de bruit pour rien

Les termes « ADN », « génétique » font peur. Si on les associe au mot « immigration » comme c’est le cas dans le projet de loi sur la maîtrise des flux migratoires, alors là, c’est la panique : réactions outrancières, pétitions, jusqu’à la secrétaire d’État à la politique de la ville, sur France Inter, qui qualifie ce projet de « dégueulasse » (ceci dit en passant, si les projets de loi du gouvernement auquel elle appartient ne lui conviennent pas elle peut toujours démissionner…).
De quoi s’agit-il ? Lire la suite

du totalitarisme…

Dans un article du Figaro, Thierry Wolton apporte deux éléments intéressants à propos du totalitarisme. Il mentionne le fait qu’une idéologie totalitaire peut bénéficier de l’adhésion populaire – élément qui a son importance s’il s’agit de la combattre – et parle à son sujet de « religion séculière » ce qui renvoie au débat d’historiens déjà cité dans un billet précédent : les régimes totalitaires du 20e siècle (fascisme, nazisme, communisme) ont fonctionné comme des religions (textes « sacrés », dogme, aspect mystique…), d’où une certaine concurrence avec celles-ci, et les historiens se posent la question de savoir s’ils les ont remplacées ou s’ils restent de nature profane… Force est de constater que pour l’islamisme la question ne se pose plus, puisque cette idéologie réussit à faire la synthèse des deux, d’où peut-être son succès : Lire la suite