Archives du blog

« Islamophobie » : racisme imaginaire ou réel ?

Émission de CPolémique (France 5) du 19 février 2017, avec Pascal Bruckner et Nadia Redmana de la Brigades des mères : à voir ou à revoir car elle pose bien la problématique dans tous ses aspects idéologiques et concrets.

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Il y a un siècle, caricaturer les religions était moins dangereux qu’aujourd’hui

Il y a plus d’un siècle, à Paris, le journal satirique L’assiette au beurre publiait un numéro sur les religions. Les dessinateurs, dont Kupka, n’en sont pas morts assassinés pour autant, comme le rappelle très justement le texte de présentation de cet expo au Musée d’Orsay :

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Voir les dessins : Lire la suite

Chèr(e) étudiant(e) de Sciences Po…

Billet de Djemila Benhabib (26 avril 2016) – extraits

« Cher étudiant de Sciences Po, le 20 avril dernier, tu as organisé (par simple bonté ?) une journée pour célébrer le voilement des femmes avec une tranquillité d’âme déconcertante. Il s’agit là de l’enfermement de ma fille, de celui de ma mère, du mien, ainsi que de celui de millions de femmes à travers le monde. D’où te vient cette faculté de rendre exotique l’aliénation des autres?
[…] Ma révolte est née de la souffrance. Alors, je vais répéter une évidence : jamais je n’accepterai, ici, ce que j’ai refusé là-bas. Là-bas étant l’Algérie de mon enfance, défigurée par l’hydre islamiste dans les années quatre-vingt-dix et marquée par le refus obstiné de la barbarie et des voiles de la servitude.
[…] Cher étudiant de Sciences Po, en reprenant à ton compte la symbolique du voile, c’est-à-dire la stricte séparation entre les femmes « pures » et les femmes « impures », tu m’entraînes sur le terrain de la moralité. Tu te comportes comme un tuteur patenté. De quel droit me places-tu sous ta tutelle ?

[…] Cher étudiant de Sciences Po, si ce voile n’était qu’un vêtement comme un autre, il ne serait pas imposé avec autant de vigueur et de rigueur aux Iraniennes et aux Saoudiennes, pour ne citer que ces deux exemples. Annexé, le corps de la femme devient la possession de l’homme, de l’imam, du tyran et d’Allah, partageant tous la même détestation des femmes. Soumettez-vous, obéissez, acceptez votre sous-humanité ! crient-ils à l’unisson. Ce contrôle du corps dans l’espace intime se déplace peu à peu dans l’espace public. A plus grande échelle, la violence domestique devient le laboratoire d’une violence sociétale systémique. Les femmes jugées immorales se trouvent doublement condamnées: par l’État (la police des mœurs), loin de les protéger, et par la société, qui les conspue. Cette mise en scène de la transgression par le corps de l’ordre moral et politique est un appel délibéré à la vindicte populaire. En faisant de la sexualité des femmes l’affaire de tous, ceux qui s’entichent de pureté et d’abstinence fusionnent la sphère privée et la sphère publique. Or, le détachement de la sphère privée de la sphère publique est l’un des fondements de la modernité, qui rend possible l’exercice démocratique et garantit le respect des libertés individuelles.
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« Si vous aviez le choix entre l’immigration musulmane et la préservation des valeurs morales libérales, que choisiriez-vous ? »

A l’heure où à Cologne, le soir du 31 décembre, ont eu lieu des agressions massives de femmes par des foules masculines rappelant ce qui s’est passé en Egypte dans l’histoire récente, voici un article de Robert Skidelsky qui va au cœur de plusieurs sujets qui se croisent : islam, immigration, intégration, cultures, valeurs…  A partir de la situation britannique – mais cela est valable pour l’ensemble de l’Europe – Il a le mérite de poser les vrais questions, pour « éviter d’avancer les yeux fermés » et peut-être arrêter de tourner autour du pot…

L’appel de Donald Trump visant à interdire l’entrée des musulmans sur le territoire des États-Unis a provoqué l’échange suivant avec deux jeunes de mes amis : « Si vous aviez le choix entre l’immigration musulmane et la préservation des valeurs morales libérales, que choisiriez-vous ? » leur ai-je demandé. Ils ont tous les deux renié les prémisses de la question. Les immigrés eux-mêmes, ont-ils suggéré, peuvent avoir des codes moraux réactionnaires, mais leurs enfants, qui vont grandir en Grande-Bretagne, en Amérique ou en Europe continentale aujourd’hui, seront tout à fait différents. Mais est-ce bien vrai ?
Ma question ne portait pas en particulier sur le terrorisme islamiste (le fondement manifeste du coup d’éclat de M. Trump), mais sur la menace constituée par l’immigration musulmane à grande échelle à l’encontre du code de conduite morale que mes jeunes amis, comme la plupart des Européens instruits, acceptent à présent sans discussion. Terrorisme mis à part, ne s’inquiéteraient-ils pas si l’islam devait acquérir une influence croissante sur la loi et la politique britanniques ?

Ce n’est pas une pure hypothèse. La population musulmane en Europe était de 44,1 millions en 2010, soit 6 % du total. Il y avait 2,7 millions de musulmans au Royaume-Uni en 2011 (4,8 % de la population), contre 1,6 million en 2001. Étant donné les récentes tendances de l’immigration et surtout le taux de fertilité supérieur à la moyenne des musulmans (trois enfants par famille contre une moyenne britannique de 1,8), la part musulmane de la population britannique va nécessairement se développer dans les décennies à venir.

La plus grande partie de l’Europe suit la même trajectoire démographique. Lire la suite

une revue de presse pour Charlie

Articles récents

« Voilà de longues années qu’en tant que politologue, je prône la position suivante : ni amalgame, ni complaisance. J’ai toujours appelé à ne pas remplacer vigipirate par vigiarabe, et à ne pas confondre islam d’une part, islamisme radical d’autre part. En même temps, l’écœurante complaisance de certains doit cesser vis-à-vis de cette menace totalitaire qu’incarne ce dernier, dogme raciste, antisémite, liberticide et phallocrate au dernier degré. C’est toujours en affirmant unis et déterminés leurs valeurs que les démocrates l’emportent, et non en faisant preuve de lâcheté… »
Frédéric Encel, Que cesse la complaisance vis-à-vis de l’islamisme radical, Marianne, 8 janv. 2015 : http://www.marianne.net/Que-cesse-la-complaisance-vis-a-vis-de-l-islamisme-radical_a243695.html

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La laïcité pour les nuls… et pour la ministre

Excellent discours de la philosophe Catherine Kintzler, alias Mezetulle, qui remet, une fois de plus, les idées en place sur la laïcité. Mais c’est épuisant à la fin d’avoir à faire face à un certain gloubiboulga intellectuel, surtout quand il atteint la ministre elle-même, qui considère que les parents accompagnateurs de sorties scolaires – et donc les mères voilées – « ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public » et que donc « leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l’exception », mettant ainsi le principe « de l’implication des familles dans la scolarité de leur enfant et la vie de l’école » au dessus du principe de laïcité. Consternant. On ne sait ce qui l’emporte de la bêtise ou de l’inconscience. Comme le dit très bien C. Kintzler dans son court discours (voir vidéo ci-dessous) :

 » […] une maman reste une maman quand elle vient à un rendez-vous avec un professeur dans une école publique, [mais] elle cesse momentanément d’être une maman lorsqu’elle est temporairement chargée d’élèves qui par définition sont toujours les enfants d’autrui… y compris quand ce sont les siens. Cela, il y a des gens qui ne l’ont pas compris ou, faisons leur plus de crédit, qui font semblant de ne pas l’avoir compris, parce qu’ils refusent de penser que l’école doit offrir aux élèves une double vie. »

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laïcité : enfin une charte ?

Ça y est, le Ministère de l’Éducation Nationale met enfin en place une Charte de la laïcité « à l’école », c’est-à-dire en fait dans tous les établissements du 2nd degré, publics ou privés sous contrat. Cette charte qui sera affichée « de manière à être lisible par tous » et jointe au règlement intérieur, a pour vocation « de rappeler les règles qui nous permettent de vivre ensemble dans l’espace scolaire, mais surtout d’aider chacun à comprendre le sens de ces règles, à se les approprier et à les respecter » dit le ministre. Cette charte en 15 articles est donc avant tout un acte de pédagogie ; c’est la 2e en date après celle des services publics.

« Rappeler les règles » est en effet le terme juste puisque l’article 14 reprend la loi de 2004 interdisant les tenues ou signes religieux à l’école. D’autres articles plus novateurs élargissent le champs de la laïcité et rappellent que ce principe est une ouverture et un progrès : la construction d’un libre arbitre et d’une personnalité, la liberté de conscience, l’égalité filles-garçons… L’article 13 rappelle aussi que les règles de la république française – et donc de son école – sont au-dessus des règles religieuses.

Mais pour qui a été élève dans les années 70 ou 80, tous ces articles ont quelque chose d’ubuesque. Lire la suite

deux films à voir rapidement

Voici deux films à voir rapidement car ils ne resterons sans doute pas longtemps à l’affiche bien qu’ayant été primés au Festival de Cannes 2012 : l’un parce que c’est un film d’auteur, l’autre parce que c’est un documentaire.

« Au-delà des collines » du roumain Mongiu, c’est l’histoire de 2 filles, l’une qui est entrée dans un monastère, l’autre qui vient la chercher. A partir de cette intrigue, le drame se noue l’air de rien autour de plusieurs thèmes : l’amour, le sacrifice, l’abandon et surtout comment des êtres bons finissent par faire le mal sans même sans rendre compte, par pur dogmatisme. Ce film est d’abord une critique de tous les dogmatismes, religieux mais aussi politique – et pourquoi pas psychanalytique – ou autre dès lors que l’on quitte l’univers de la connaissance – qui est toujours en mouvement – et que l’on bascule dans celui de la croyance – qui se veut immuable. Mais cette critique est en demi-teinte car c’est aussi une critique en creux de l’absence de contre-pouvoirs. Lire la suite

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