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lois mémorielles : on en remet une couche

Il serait grand temps d’arrêter de jouer avec la boite de Pandore !
Et il vaut le faire pour de bonnes raisons avant d’avoir à le faire pour de mauvaises… Je m’explique.

L’Assemblée Nationale viens d’adopter une proposition de loi visant à pénaliser la négation des génocides reconnus comme tel par le code pénal. C’est bien sûr le génocide arménien de 1915 dans l’Empire Ottoman qui est au coeur de cette proposition – la Turquie ne s’y est pas trompée – car elle vient à la suite de propositions similaires plus ciblées : celle de 2006 visant à pénaliser la négation de l’existence du génocide arménien, proposition votée à l’AN mais retoquée au Sénat, et celle de 2010 déposée puis refusée au Sénat.
Ces propositions déposées par des membres du PS avaient été refusées par un Sénat de droite, mais maintenant que la gauche y est majoritaire, d’aucuns se sont sans doute dits que cela pouvait peut-être enfin passer, tandis que d’autres font mine de s’y opposer alors qu’ils ont voté la loi de 2001 sur la reconnaissance du génocide arménien… Passons. Lire la suite

15 jours

Cela aura été la durée de vie du projet de Sarkozy de confier à chaque enfant de CM2 la mémoire d’un enfant juif victime de la Shoah, la commission chargée du sujet l’ayant trouvé « inapplicable » (Libération du 28-02-2008). Ce projet impopulaire (85 % des français sont contre selon un sondage Ifop) a réuni contre lui des psychologues, des enseignants et des historiens. Ceux-ci réagissent sur le rapport entre émotion et histoire, évoqué dans le billet précédent ;  l’article de B.Lefebvre et S.Trigano paru dans Libération, « L’émotion contre l’histoire », apporte des éléments intéressants : Lire la suite

la Shoah n’a pas besoin de ça

[..] faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11.000 enfants français victimes de la Shoah », a déclaré M. Sarkozy. « Les enfants de CM2 devront connaître le nom et l’existence d’un enfant mort dans la Shoah. Rien n’est plus intime que le nom et le prénom d’une personne. Rien n’est plus émouvant pour un enfant que l’histoire d’un enfant de son âge, qui avait les mêmes jeux, les mêmes joies et les mêmes espérances que lui », a-t-il ajouté. (source : Libération, 14-02-2008)

Voilà donc la nouvelle idée de M.Sarkozy, rendue publique lors de son intervention au dîner du CRIF (une première, ceci dit en passant, pour un président de la République…). Mais qu’est-ce que c’est encore que cette ânerie ? Lire la suite

loi mémorielle bis

La proposition de loi du PS destinée à punir la négation du génocide arménien, déjà reconnu par une loi de 2001, a été renvoyée sine die sans faire l’objet d’un vote. Pourquoi ? Non pas parce que ce genre de loi pose problème et que l’on souhaite engager un débat de fond, non, c’est pour la plus mauvaise des raisons qui soit : ne pas déplaire à la Turquie, important partenaire commercial. Lire à ce sujet la tribune de Corinne Lepage sur POI qui dénonce les courtes vues économiques de la diplomatie française. Lire la suite

l’histoire au péril de la loi (2)

Concurrence victimaire ou mémorielle (on dirait que chacun veut sa Shoah), jugement anachronique pour mettre le passé au service du présent, volonté d’imposer une histoire officielle de la part de lobbies (politiques ?), procès d’historiens… Face à cela 19 historiens viennent de signer une pétition pour la liberté de l’histoire qui rappelle à juste titre que l’histoire n’est ni mémoire, ni morale, ni objet juridique et qui demande l’abrogation de tous les articles de lois ayant trait à l’histoire :

« Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’Etat, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire.
C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives ­notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 ­ ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites.
Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique. »

l’histoire au péril de la loi

Si le parlement et les lois peuvent être sans problême un sujet d’histoire, l’inverse n’est pas vrai ; les lois ont pour fonction d’établir les règles de vie d’une société, non d’établir l’histoire officielle, au risque d’un jugement anachronique… cf. le point de vue de 2 historiens : Lire la suite