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La laïcité pour les nuls… et pour la ministre

Excellent discours de la philosophe Catherine Kintzler, alias Mezetulle, qui remet, une fois de plus, les idées en place sur la laïcité. Mais c’est épuisant à la fin d’avoir à faire face à un certain gloubiboulga intellectuel, surtout quand il atteint la ministre elle-même, qui considère que les parents accompagnateurs de sorties scolaires – et donc les mères voilées – « ne peuvent être considérés comme des agents auxiliaires du service public » et que donc « leur présence aux sorties scolaires doit être la règle et le refus l’exception », mettant ainsi le principe « de l’implication des familles dans la scolarité de leur enfant et la vie de l’école » au dessus du principe de laïcité. Consternant. On ne sait ce qui l’emporte de la bêtise ou de l’inconscience. Comme le dit très bien C. Kintzler dans son court discours (voir vidéo ci-dessous) :

 » […] une maman reste une maman quand elle vient à un rendez-vous avec un professeur dans une école publique, [mais] elle cesse momentanément d’être une maman lorsqu’elle est temporairement chargée d’élèves qui par définition sont toujours les enfants d’autrui… y compris quand ce sont les siens. Cela, il y a des gens qui ne l’ont pas compris ou, faisons leur plus de crédit, qui font semblant de ne pas l’avoir compris, parce qu’ils refusent de penser que l’école doit offrir aux élèves une double vie. »

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laïcité : le poids des mots

Hier, dans l’excellente émission 28 minutes sur Arte, avait lieu un débat autour de la Charte de la laïcité à l’école. Face à une sociologue qui tenait le discours habituel de la « stigmatisation » et qui trouvait que l’harmonie était une idée totalitaire, un prof d’histoire du 93, favorable à la charte et manifestement de plus en plus agacé, a fini par livrer brut de décoffrage son expérience de terrain. Cela se passe de commentaire : Lire la suite

laïcité : enfin une charte ?

Ça y est, le Ministère de l’Éducation Nationale met enfin en place une Charte de la laïcité « à l’école », c’est-à-dire en fait dans tous les établissements du 2nd degré, publics ou privés sous contrat. Cette charte qui sera affichée « de manière à être lisible par tous » et jointe au règlement intérieur, a pour vocation « de rappeler les règles qui nous permettent de vivre ensemble dans l’espace scolaire, mais surtout d’aider chacun à comprendre le sens de ces règles, à se les approprier et à les respecter » dit le ministre. Cette charte en 15 articles est donc avant tout un acte de pédagogie ; c’est la 2e en date après celle des services publics.

« Rappeler les règles » est en effet le terme juste puisque l’article 14 reprend la loi de 2004 interdisant les tenues ou signes religieux à l’école. D’autres articles plus novateurs élargissent le champs de la laïcité et rappellent que ce principe est une ouverture et un progrès : la construction d’un libre arbitre et d’une personnalité, la liberté de conscience, l’égalité filles-garçons… L’article 13 rappelle aussi que les règles de la république française – et donc de son école – sont au-dessus des règles religieuses.

Mais pour qui a été élève dans les années 70 ou 80, tous ces articles ont quelque chose d’ubuesque. Lire la suite

boursiers, quotas et lutte des classes

grande école30% de boursiers dans chacune des grandes écoles françaises ? Cette proposition de Valérie Pécresse, a fait réagir vivement la CGE (Conférence des Grandes Ecoles) qui est opposée à un système de quotas. «Il ne s’agit pas d’un quota, mais d’un objectif» a précisé la ministre .
Mouais… Objectif, quota, la nuance est mince quand on se propose d’atteindre «un pourcentage, un nombre déterminé», bref un quota, nous dit le Larousse. Lire la suite

la journée de la jupe en exploitation limitée

film : la journée de la jupeCe film serait privé de banlieue affirme Marianne 2 !
En fait c’est pas tout à fait ça. Quand on va à la source de cette information, le Bondy Blog – qui, ceci dit en passant, raconte la fin du film, pas très sympa – on comprend simplement que ce film est difficile à trouver en banlieue. Et pour cause : il n’est distribué que par les cinémas indépendants, les grands circuits Pathé, Gaumont, UGC ayant refusé de le distribuer. Ce n’est donc pas seulement la banlieue qui ne verra pas ce film mais tous les lieux qui n’ont pas de cinémas indépendants, c’est à dire, en gros, toute la France en dehors des grandes villes.  Une petite recherche sur le site de Télérama en utilisant les codes postaux est assez instructive à ce sujet…
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journée de la jupe

film : la journée de la jupeLe film La journée  de la jupe comme Entre les murs se passe dans un collège difficile de la région parisienne. Même milieu, mêmes élèves « issus de l’immigration », mêmes problèmes. La comparaison s’arrête là.

Entre les murs se positionnait comme un pseudo documentaire qui à partir de scènes proches du « vécu » essayait de faire passer le désordre, le copinage et la démagogie pour une méthode d’enseignement.
La journée de la jupe est une fiction pure qui à partir d’une histoire improbable et violente (une prof de français s’empare du révolver d’un élève et glisse vers la prise d’otages) dénonce les tabous des « cités » et les renoncements du système éducatif (le principal qui ne soutient pas ses profs, le prof qui « s’adapte » et cite le Coran…). Lire la suite

les filles écartées des sciences ?

Pourquoi y-a-t-il si peu de filles dans les filières scientifiques au lycée – puis dans le supérieur –  alors qu’elles ont le même niveau que les garçons en fin de collège ?

Une étude des services statistiques du Ministère de l’éducation nationale tente d’expliquer cette situation et de repérer les mécanismes à l’oeuvre, notamment le rôle des profs de maths et de physique. Il semblerait que les stéréotypes ancrés dans leur cerveau influent sur leurs pratiques d’orientation.

En tous cas il est intéressant de constater que c’est à l’adolescence, au moment où les filles deviennent des femmes, qu’elles s’écartent des voies scientifiques… Lire la suite

une mauvaise idée au placard

Comme on pouvait s’en douter du fait de la mise en place d’un groupe de travail chargé d’y réfléchir, le projet de parrainage individuel d’enfants de la Shoah – initié par Sarkozy – est définitivement abandonné :

Présidé par Hélène Waysbord-Loing, inspectrice générale et présidente de l’association de la Maison d’Izieu dans l’Ain, le groupe de travail, où siégeaient notamment Simone Veil, Serge Klarsfeld et Claude Lanzmann, a rendu public son rapport hier. Il exclut le parrainage d’un enfant mort par un vivant « afin de ne pas traumatiser un public jeune ». « Il faut aborder le sujet de façon concrète par l’étude d’un nom, d’un visage, plus rarement de traces écrites, lettres ou portraits », plaide-t-il de façon très générale. Mais si l’on part « d’un exemple singulier (d’un enfant ou d’un groupe d’enfants) », c’est pour aller ensuite « au plus général ». « L’approche par les enfants victimes doit éviter le compassionnel, avertit-il. Il doit aussi privilégier la vie, c’est donc avant tout l’itinéraire des enfants avant leur déportation qui est évoqué. » Libération (19-06-2008)

C’est exactement ce que je disais dans un billet précédent. 
Voilà une bonne chose de faite.