un médicament au secours de l’hétérosexualité ?
Dexaméthasone, c’est le nom d’un médicament qui a récemment fait scandale au Etats-Unis. Il est utilisé à titre expérimental sur des femmes enceintes pour prévenir une virilisation précoce de leur foetus fille en cas d’atteinte par une « hyperplasie congénitale des surrénales » (HCS) – voix grave, pilosité faciale voir « appareil génital ambigu ». Ce traitement pose un problème médical mais pas seulement.
Ce qui a fait scandale c’est que l’équipe médicale qui teste ce traitement en a fait la promotion comme étant un moyen de féminiser l’appareil génital et le cerveau des foetus concernés afin de prévenir ces comportements erronés (dimorphic behaviors) ou anomalies (abnormalities) que sont pour une fille le désintérêt pour les jeux de poupées, et à l’âge adulte, le manque d’instinct maternel et l’attirance pour les femmes… Bref, les femmes atteintes de HCS ne sont pas conformes car elles jouent à la poupée trop tard, ce qui est très mal :
VF : «Les jeux d’enfants, le métier choisi, les préférences dans l’adolescence et à l’âge adulte, l’instinct maternel et l’orientation sexuelle se masculinisent chez les femmes atteintes de HCS, précise l’une des scientifiques de la clinique new-yorkaise, le Dr Maria New. Ces anormalités ont été liées à des taux excessifs d’androgène… Nous pensons qu’un traitement à la dexaméthasone réduira [ce phénomène].» (source et traduction : 360.ch)
VO : “Gender-related behaviors, namely childhood play, peer association, career and leisure time preferences in adolescence and adulthood, maternalism, aggression, and sexual orientation become masculinized in 46,XX girls and women with 21OHD deficiency [CAH]. These abnormalities have been attributed to the effects of excessive prenatal androgen levels on the sexual differentiation of the brain and later on behavior.” Nimkarn and New continue: “We anticipate that prenatal dexamethasone therapy will reduce the well-documented behavioral masculinization . . .” (source : Bioethics Forum)
Dans un article plus ancien, on peut lire :
« CAH women as a group have a lower interest thancontrols in getting married and performing the traditional child-care/housewiferole . As children, they show an unusually lowinterest in engaging in maternal play with baby dolls, and their interest in caring for infants, the frequencyof daydreams or fantasies of pregnancy and motherhood, or theexpressed wish of experiencing pregnancy and having childrenof their own appear to be relatively low in all age groups. […] Rather,maternalism appears to be one facet of a broad spectrum of sexdimorphic behaviors that appear masculinized in females withclassical CAH, in parallel with the findings on prenatalsex hormone influences on sex dimorphic behaviors in other mammals. […] The lower interest in having childrenseems to be part of the overall masculinization of childhoodbehavior in girls with classical CAH ; in adolescent and adultCAH women, the various problems with heterosexuality may furthercontribute. »
C’est édifiant. Cela en dit long sur ce que l’on considère comme normal pour une femme. Par ailleurs c’est oublier, d’une part que tout la gamme des comportements sexuels existent dans la nature (voir chez nos amis les Bonobos), et de l’autre que l’être humain est un être libre et conscient dont les comportements ne peuvent se réduire à des taux d’hormones, même si celles-ci ont une influence. Cela relève d’une vision assez mécaniste de l’être humain. C’est oublier aussi que les comportements humains ne sont pas figés et peuvent varier avec le temps : il y avait déjà les LUG, lesbians until graduation, il y a maintenant les LBL, Late-blooming lesbians, comme le signale l’article du Guardian : Why is never too late to be a lesbian. Bref, de par ses présupposés, ce traitement est voué à l’échec en matière de comportements.
Si l’on creuse un peu la question, on apprend que c’est un traitement prénatal qui n’est pas sans risque, qui ne traite pas l’HCS elle-même et qui de plus est administré avant même le diagnostic du sexe et de l’HCS chez le foetus. C’est pourquoi, au regard du rapport risques/avantages, certains médecins déconseillent ce médicament qui n’a d’ailleurs pas encore reçu le label de la FDA (Food ans drug Administration). Comme certains déconseillent aussi l’intervention chirurgicale postnatale qui consiste à couper une partie du clitoris jugé trop gros – ce qui est appelé « appareil génital ambigu » n’est que cela… – car cette clitorectomie (proche de l’excision) peut entrainer une diminution ou une perte de sensibilité ! Cela revient donc à perturber une fonction naturelle pour entrer en conformité avec un modèle culturel, une construction de genre purement sociale. Cela fait penser à un autre problème, celui de la ré-assignation sexuelle d’un bébé ou d’un enfant intersexué avant qu’il soit en âge de donner son avis. Voir l’article Ambiguous sex ou ambivalent medecine ? sur le sujet.
Car médicament ou intervention chirurgicale, tout cela se fait sans le consentement de l’intéressé qui est encore dans les limbes ou les couches, et pour corriger une apparence ou des comportements qui ne sont ni pathologiques, ni répréhensibles. Rappelons que dans les pays civilisés il n’y a que deux interdits en matière de sexualité : le non-consentement (d’où notion d’agression sexuelle, de viol…) et l’âge avec ou non lien de parenté (d’où inceste…).
Pour finir voici un exercice pratique : dans la vidéo ci-dessous une chanteuse est lesbienne ; trouvez laquelle…
PS. Accessoirement cette vidéo, comme celle du billet précédent, me permet de répondre subrepticement au tag de Vlad, que je remercie…
Publié le 3 août 2010, dans politique et société, et tagué femme, hétérosexualité, homosexualité, sexualité. Bookmarquez ce permalien. 13 Commentaires.
On a fait des progrès depuis le diméthyl-conformol du regretté Franquin.
Laquelle, alors ? mon gaydar m’indique la blonde…
La véritable question, c’est donc : les lesbiennes ont elles plus de poils que les autres femmes ? Et l’industrie de l’esthétique survivra-t-elle à ce médicament ?
Je reste comme un rond de flan à la lecture de l’article, je ne pensais pas qu’il y avait des types aussi déjantés du bulbe. Quoique pas tant que ça…l’appât du gain y est pour beaucoup.
Vision mécaniste, très bien formulé.
« Il est utilisé à titre expérimental sur des femmes enceintes pour prévenir une virilisation précoce de leur foetus fille en cas d’atteinte par une « hyperplasie congénitale des surrénales » (HCS) – voix grave, pilosité faciale voir « appareil génital ambigu »
il est utilisé seulement dans ce cas là ?
« et qui de plus est administré avant même le diagnostic du sexe et de l’HCS chez le foetus. »
Je ne comprends pas, alors. On le donne à n’importe qui ?
La médecine au service des laboratoires, les laboratoires finançant les partis politques…et le cercle est bouclé.
@ Vlad : c’est la promotion autour du médicament qui a posé problème, promotion sans doute liée au soucis de « vendre » ce traitement.
@ Suzanne : oui, il est utilisé contre les effets secondaires de la HCS, manifestement auprès de femmes ayant un risque d’avoir un enfant atteint (pour plus de détails, lire les articles en lien).
@ Armide : je ne suis pas fana de ce genre de conclusion facile.
@ CC : gagné !
Excellent résumé.
A se demander s’il ne s’agit pas en fait simplement de rassurer les parents qui s’inquièteraient de mettre au monde des enfants « anormaux », donc des parents qui attribuent un comportement sexualisé à un foetus. Dingue. Penser déjà à la sexualité qu’aura ou non son enfant avant même que celui-ci sache marcher, parler, se socialiser ? Je me demande ce que cela dit de la parentalité qui est derrière : à mon avis, le papa et la maman n’ont pas assez joué à la poupée justement, et rêvent d’une « famille idéale » sans avoir mis à distance ce modèle et ses implications. Ce que l’on fait vers 10 ans, non ?
Autre question : peut-on craindre une sursexualisation des petites filles traitées « in utero » par ce médicaments ? Une génération entière de bimbos dingues du tablier, de la casserole, du biberon et du mascara ???
Oui, les parents cherchent souvent à avoir des enfants le plus dans la norme possible ; mais 10 ans ça me parait un peu tôt pour une mise à distance.
Sinon, pour les bimbos, c’est sans risque vu que les hormones ne font pas tout… 😉
Effectivement… mais j’imaginais déjà une génération d’élèves totalement délurées dès 12 ans. Tu me diras, c’est presque déjà le cas…
(10 ans, je voyais ça pour l’apprentissage de la déception en fait, le moment où tu te rends compte que la poupée peut être décevante, qu’elle n’est pas parfaite, mais que tu l’aimes quand même.)
Pour finir voici un exercice pratique : dans la vidéo ci-dessous une chanteuse est lesbienne ; trouvez laquelle…
Aucune !
Samantha Fox, la blonde est connue pour être bie.
Personnellement, ça me gave et je trouve cet archarnement à vouloir trouver une cause à l’homosexualité particulièrement malsaine.
Toutes les pistes sont explorées, psychologiques, génétiques, etc….
Si la moitié des fond employés pour ses recherches qui finalement semblent cacher des buts, dont la louabilité reste franchement suspecte, depuis des années étaient employé à des recherches médicales réellement utiles à l’humanité, on aurait fait des progrès énormes sur de nombreuses maladies.
Voilà pourquoi certains ont eu l’idée de chercher les causes de l’hétérosexualité…
On parle d’une maladie génétique rare (1 sur 15.000 naissances), caractérisée par un défaut de sécrétion de certaines hormones par les glandes surrénales et par une surproduction d’hormones androgènes. Voir ici un témoignage pour en savoir plus :
http://hyperplasiesurrenales.chez-alice.fr//surrenales2.html
Jer ne suis pas adepte de la théorie de genre. Je pense que les hommes et les femmes, bien qu’égaux en dignité ontologique, ont été crée différents par Dieu. Il y a des comportements d’homme et des comportements de femme.
Une femme atteinte de cet excès d’hormone masculine est poussée par la maladie à se comporter sensiblement comme un homme (excès d’hormone masculine oblige), d’où le désintérêt pour les poupées, le manque d’instinct maternel et l’attirance pour les femmes.
L’anormalité (« abnormalities ») est un problème dans la vie de la personne, car c’est un facteur de stigmatisation et d’isolement (problèmes dans la vie affective). Sans oublier les aspects physiques qui ne manqueront pas d’être vu comme « monstrueux » : femme à barbe, comme dans les cirques du XIX° siècle, et énormité de l’appareil génital externe. Il est normal que les progrès médicaux permettent d’y faire face. Jusqu’à présent en injectant à vie les hormones manquantes qui freineront celles fabriquées en excès par les surrénales. Avec ce médicament, l’idée est de prévenir le développement de la maladie en intervenant sur le foetus.
Pourquoi ce sujet proprement médical fait-il autant parler ? Parce qu’on est face à une situation où le dérèglement comportemental s’explique médicalement. Ce qui donne des sueurs froides au lobby gay, qui répète que l’homosexualisme n’est pas une maladie. Et si le dérèglement comportemental des homosexuels était lui aussi la conséquence d’un dérèglement hormonal (maladie) ?
Là, j’ai posé la question qui tue.
Dans le futur, la médecine réussira peut-être à identifier un dérèglement hormonal à l’origine de l’homosexualisme. On pourra alors peut-être traiter cette maladie dés le foetus. C’est ce qui fait peur aux homosexualistes endurcis.
Je suis tombée sur votre blog et cet article spécifique par hasard. Je n’en reviens pas de ce que j’y ai lu! Mais faut-il s’en étonner, connaissant l’acharnement des fondamentalistes chrétiens « bien pensants » de la Bible Belt américaine et, ainsi que des Mormons et autres fanatiques qui veulent à tout prix « redresser » les « anormaux »?
Sans compter qu’il y a là des masses d’argent $$$ à faire!!!
Mais il reste qu’à la base, tout ça est une question de religion et de ce qui est « bien » versus ce qui est « mal ». Ah! Que l’être humain a donc du mal à se permettre d’être tout simplement ce qu’il est, « différent » ou pas!
S’aimer et se faire du bien mutuellement sans abuser de quiconque, ça devrait être bien suffisant, il me semble. Mais ça ne suffit pas à ceux qui veulent se conformer aux dogmes religieux. Ah! Que les êtres humains sont donc fous. Encore une fois, je regarde mon chat et je me dis qu’il a bien de la chance: il ne se torture pas à se demande si ce qu’il fait est bien – qu’il paresse, se lèche, se goinfre ou chasse les araignées…