islam : de l’adversaire et de la violence
Pour compléter les articles de Sfeir et Redeker cités dans un billet précédent, voici deux article intéressants : celui d’un journaliste suisse signalé par Un swissroll et l’interview d’un écrivain qui se considère volontiers comme un « Voltaire arabe ». Le premier souligne que ce n’est pas en renoncant à notre liberté d’expression que nous aiderons l’émergence d’un islam moderne, le second rappelle que l’islamisme prend racine dans le Coran. Voici donc des extraits suivis comme d’habitude des liens vers les sources :
Islam: débattons en adversaires, sans violence, à visage découvert par F.A.Meyer
[Extraits] La question de savoir si le pape, qui pour le Vatican a toujours raison, a cette fois encore raison est sans importance. Quoi qu’il en soit, il a le droit de dire ce qu’il pense. C’est tout simplement une bénédiction que la plus haute autorité catholique tombe sous la pression de menaces islamiques.
Pourquoi ? Jusqu’alors seuls des journalistes, des écrivains et des cinéastes ont été exposés à la colère et à la violence du monde de l’islam. Des Occidentaux partisans de la modération – mais aussi des collègues dénonciateurs ! – leur ont conseillé de se taire. Depuis l’assassinat du réalisateur hollandais Theo van Gogh, puis le soulèvement indigné contre les caricaturistes danois, le monde de la presse, de la politique et de la culture s’autocensure dès qu’il s’agit d’aborder le sujet de l’islam.
Ce serait trop fort de demander au pape de plier devant ses adversaires. La limite est atteinte.
[…] On aurait pu donner au pape des réponses théologiques et historiques, et parmi elles on aurait sûrement pu trouver des réponses plausibles. Il faudrait mener un dialogue critique. Pourquoi donc n’est-il pas mené du côté de l’islam ? Pourquoi la fureur religieuse est-elle la seule voix que nous en percevons ?
Nous devons pouvoir le dire ouvertement : l’islam est une religion en retard. Il lui manque la Réforme et les Lumières; il lui manque la séparation entre l’église et la politique ; il lui manque la culture de la liberté et l’autodétermination du citoyen ; il lui manque la démocratie et l’Etat de droit; il lui manque une société ouverte.
L’islam règne sur une civilisation enfermée dans son cocon, à qui les médias mondialisés montrent chaque jour à quel point elle est à la traîne dans les domaines comme l’économie, la science, la politique et la culture – distancée, et de loin, dans la compétition que se livrent les continents et les cultures, non seulement par rapport à l’Occident qu’elle abhorre, mais aussi, désormais, par rapport à un Orient tout autant incroyant.
[…] Aidons-nous les dissidents islamiques en nous jetant au cou des mollahs orthodoxes et des imams conservateurs ? En renonçant à notre libre parole pour ne surtout pas provoquer des croyants dans leur mosquée ? Depuis le fascisme et le communisme, nous avons appris qu’en courtisant les puissants, nous affaiblissons ceux qui les critiquent jusqu’à les condamner à l’impuissance.
Faut-il renoncer au dialogue ? Non, il faut débattre ! Sans violence. A visage découvert. Entre adversaires. Car, oui, nous sommes des adversaires : la culture religieuse fermée de l’islam et la société ouverte de l’Occident sécularisé.
L’islam est notre adversaire. L’islamisme est notre ennemi. (article complet)
L’islamisme est la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte interview d’Abdelwahab Meddeb dans Libération
[Extraits] La violence dans l’islam est-elle une réalité ?
Les musulmans doivent admettre que c’est un fait, dans le texte comme dans l’histoire telle qu’ils la représentent eux-mêmes, en un mode qui appartient plus à l’hagiographie qu’à la chronique. Nous avons à faire à un Prophète qui a été violent, qui a tué et qui a appelé à tuer. La guerre avec les Mecquois fut une guerre de conversion. Il y a eu aussi la guerre avec les juifs et le massacre des juifs à Médine, décidé par le Prophète. Il y avait un jeu d’alliances, une opération politique qui se continue par le militaire.Que dit précisément le Coran ?
Il est ambivalent. Il y a le verset 256 de la deuxième sourate qui dit «point de contrainte en religion». Mais aussi les versets 5 et surtout 29 de la sourate 9, «le verset de l’épée», où il est commandé de combattre tous ceux qui ne croient pas à «la religion vraie». L’impératif qâtilû, que l’on traduit par «combattez», utilise une forme verbale dont la racine qatala veut dire «tuer». Le verset 5 est explicitement contre les païens et les idolâtres, aménageant, en revanche, une reconnaissance aux scripturaires, aux gens de l’écriture. Le verset 29, lui, englobe dans ce combat les scripturaires désignant nommément les juifs et les chrétiens. C’est le verset fétiche de ceux qui ont établi la théorie de la guerre contre les judéo-croisés. L’islamisme est, certes, la maladie de l’islam, mais les germes sont dans le texte lui-même.D’où des interprétations opposées ?
L’interprétation traditionnelle reconnaît cette contradiction et n’a jamais dit que «le verset de l’épée» abolit «le verset de la tolérance», comme le font les intégristes aujourd’hui.
[…] A partir du XIXe siècle, on a essayé d’aborder l’islam dans une visée de modernisation. Au Caire, l’Egyptien Mohammed Abdou estimait que le temps de la référence au jihad était révolu, bien que les pays musulmans étaient déjà colonisés ou en voie de colonisation. Il aurait pu évoquer le jihad comme défense comme beaucoup le font aujourd’hui, par exemple à propos des Palestiniens, pour les distinguer des gens d’Al-Qaeda. Mohammed Abdou partait d’un point de vue assez simple, formulé de façon très minoritaire par certains penseurs cairotes dès le XVIIIe siècle : chaque fois que, dans la question de la loi, la raison prime sur la tradition, il faut suivre la raison. C’est pour rompre avec l’esprit de Mohammed Abdou que dans l’atmosphère des années 20, Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans, a remis en avant le jihad comme arme de combat contre ce qu’on pourrait appeler la déculturation des sociétés islamiques par l’occidentalisation. Avec Sayed Qotb, qui est le grand théoricien arabe de l’intégrisme militant actif et violent, le jihad devient l’instrument de la réislamisation puisque les sociétés musulmanes sont considérées elles-mêmes comme des sociétés devenues impies.[…] La critique dans l’islam n’est-elle pas bloquée par le fait que le Coran est un texte immuable ?
Dans la doctrine maximaliste, le Coran, c’est la parole même de Dieu dans sa lettre. Ce qui est pure folie. Là aussi, c’est un immense débat qui a eu lieu pendant les quatre premiers siècles de l’islam pour décider si c’est un Coran créé ou incréé. Opter de nouveau pour la thèse du Coran créé appartient au combat démocratique. Ces débats ont été, depuis, occultés et il faut les ressortir. C’est ce qu’essayent de faire un peu mes chroniques, sortir les saillies qui ont pu être pensées dans la tradition islamique.[…] Il est de plus en plus risqué de parler de l’islam ?
Moins que jamais il faut se taire. Il faut contrer ces gens-là de toutes nos forces. A mes yeux, l’islamisme est un fascisme. Certes, Bush a, lui aussi, utilisé ce terme, mais cela ne veut pas dire qu’il est faux. L’Europe peut, enfin, en tant qu’acteur historique, être en cohérence avec les principes qu’elle a créés. (article complet)
Publié le 1 octobre 2006, dans politique et société, et tagué censure, islam, islamisme, pape, religion, totalitarisme. Bookmarquez ce permalien. 4 Commentaires.
Il ne faut pas avoir peur de le dire : l’islamisme prend sa racine dans l’Islam. Boubakeur est le plus grand des menteurs quand il dit que les islamistes n’ont rien à voir avec la religion islamique ! Si les « vrais » musulmans veulent chasser les « faux » musulmans de l’Islam (les islamistes), qu’ils consacrent leur temps, non pas à poursuivre les « islamophobes » (devenant alors les idiots utiles de ces islamistes), mais à détruire les ambiguités de cette religion, à la clarifier.
Mais même des religieux musulmans considérés comme modérés, comme Boubakeur, veulent interdire la critique de l’Islam… Comment peut-on alors espérer que cette religion fasse un jour la sienne ?!
Intéressant. Vous serez peut-être intéressé par mon article également sur ce sujet et sur Redeker : mon article.
Je suis étonné qu’un monsieur que le ministère de l’intérieur présente comme un homme traqué et menacé de mort laisse sa photo visible et accessible à tous sur le net …
http://lire-ecrire-penser.hautetfort.com/album/mes_photos/
Au Darfour les arabes musulmans violent et tuent des africains innocents. Ces actes de barbarie ils doivent bien les faire entre deux prières.